+ Dance of our body is warm like my desire for you. (Allie)

Bien trop occupée à oublier toutes les pensées parasites qui tournaient sans cesse dans sa tête, Allie avait oublié de faire attention à ce qu’il l’entourait. Constamment dans un autre monde, il lui arrivait, de plus en plus souvent, d’oublier de profiter de la vie qu’on lui offrait. Effrayée à l’idée de se retrouver de nouveau avec le cœur en miettes, elle oubliait que celui-ci n’avait pas toujours souffert et qu’il lui était arrivé d’être heureux. Parfois. Elle avait parfaitement conscience qu’elle se devait de profiter, parce que tout était éphémère, parce qu’au fond personne n’est éternel. Mais la prise de conscience est plus compliquée qu’il n’y parait. Alors elle se force. Elle se force à sourire. Elle se force à rire et à l’usure, elle se surprend à offrir un sourire sincère à ce garçon, dont jamais elle n’aurait dû croiser la route. Les mots s’échappent de ses lèvres, sans qu’elle ne puisse se retenir. L’alcool aidant, elle se surprend à flirter, à inverser les rôles de leur relation. Mais elle s’en moque. Elle se sent bien sur la plage, sous son regard, qui lui fait comprendre que peut-être, elle n’est pas si quelconque vu qu’il s’intéresse à elle.

Avec lui, toutes ces questions, qui l’empêchaient d’agir habituellement s’effaçaient. A ses côtés, elle ne réfléchissait pas. Elle se contentait de profiter de l’instant. S’il l’agaçait, elle reprenait sa langue maternelle pour le repousser. S’il lui plaisait, elle entrait dans son jeu et laissait ses hormones prendre le contrôle de son cerveau en ébullition. Allie, c’était le genre de fille, qui réfléchissait trop. Edwin faisait taire ses pensées et bordel ce que ça faisait du bien d’être soi-même sans avoir à penser aux conséquences d’un mot qu’on aurait dit de travers. Peut-être que c'est le cas. Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres bien malgré elle. Elle savait que ce n’était que de belles paroles, qu’il devait probablement dire à chaque fille qu’il rencontrait, mais son égo appréciait. Plus que ce qu’elle était prête à admettre. Peut-être que je ne peux plus me passer de tes bouclettes rousses, de ton parfum, de... Elle se mordille la lèvre, se délectant de ses longs doigts sur son épaule dénudée. De ta peau... Elle ne peut retenir le frisson qu’il fait naitre en elle. Sa voix, cette langue, ses doigts sur sa peau font naitre des frissons en elle, qu’elle n’arrive à réprimer. Peut être que tu n’as pas à t’en passer qu’elle murmure à quelques centimètres de ses lèvres.Quand il se détache d’elle, elle ne peut s’empêcher de ressentir le manque et sur son visage se dessine une moue boudeuse. Mais, Allie se reprend vite. Allie ne laisse pas voir ce qu’elle ressent. Allie mène la danse. Du moins, elle tente de s’en convaincre alors que ses yeux détaillent sa silhouette qui s’éloigne ostensiblement d’elle.

Elle porte son verre à ses lèvres et ne le quitte pas du regard alors qu’il se tourne vers elle. Un sourire satisfait prend forme sur son visage. Elle ne s’approche pas de lui, ne fait pas un pas vers lui. Elle se contente de rester là, à le fixer avec un sourire, comme pour lui prouver qu’elle ne ferait pas le premier pas. Elle lui tourne le dos et rejoint la piste de danse. Repoussant ses mèches rousses, elle lui adresse un dernier regard et secrètement, elle espère que ce sont ses mains à lui qui tiendront ses hanches alors qu’elle danse comme si la piste lui appartenait.

Avec Edwin, c’était différent. C’était enivrant. Il avait un gout d’interdit, dont elle se délectait avec un plaisir non feint. Leur relation n’en était pas réellement une. Ce n’est pas lui qu’elle appellerait si elle avait un pneu crevé. Ce n’est pas lui qu’elle présenterait à sa famille et ce n’est probablement pas à lui qu’elle murmurait les trois petits mots, porteur de trop de conséquences. Elle pouvait être elle-même, loin des conventions qu’on imposait aux jeunes femmes. Elle pouvait sourire, rire à ce qui lui plaisait sans que la question sournoise et lui ça lui plait s’insinue dans son cerveau de névrosé. Elle n’a pas à prétendre être quelqu’un d’autre pour lui plaire. Il se contente de ce qu’elle est, sans demander à ce qu’elle lui donne plus et Allie aime la simplicité avec laquelle leurs chemins s’étaient enlacés, l’indépendance que leur confère ce lien particulier. Elle apprécie de marcher sur une corde raide et d’avoir l’impression qu’il ne pourra jamais la pousser dans l’abyme des tourments de sentiments bien trop puissants pour son petit cœur fragile.

La distance qui s’instaurait entre eux dès lors que leurs corps s’éloignaient était rafraichissante. Elle permettait à la jolie rouquine de garder le contrôle sur ses émotions éparses qui l’envahissait dès que son petit cœur enfantin était touché. Elle ne pensait pas aux implications d’une nuit passée avec lui, ne pensait pas au lendemain, se contentait de vivre le moment présent. Et bordel ce que c’était bon pour une fille comme elle de lâcher prise et d’apprendre à vivre enfin. Un sourire mutin sur son doux visage d’ange, elle le provoque, comme il provoque ses sens avec son doigt sur sa peau nue. L’ambiance autour d’eux monte de quelques degrés de plus alors que ses lèvres s’approchent des siennes, mais l’un comme l’autre est bien trop fier pour faire le premier pas. Etablir des distances, des limites. Jouer au plus fort. Toujours jouer pour ne surtout pas oublier que tout ça n’est qu’un jeu. Et même s’il n’y avait jamais réellement de vainqueur, l’enjeu existait et permettait l’équilibre de ce qu’ils étaient. Sans ce jeu, ils ne se seraient jamais trouvé, bien trop incompatible pour exister dans un autre contexte.

Lui tournant le dos, elle trouve refuge sur la piste de danse et s’oublie dans la musique qui l’entoure. Plus personne n’a d’importance quand elle se déhanche de la sorte. Allie, c’est le genre de filles, qui fait tout avec passion. Elle ne fait aucune concession et son corps qui s’enflamme sur la piste de danse lui donne l’impression de reprendre le contrôle sur une vie qui lui échappe. A la voir, on n’imaginerait pas qu’elle ne se sent pas à l’aise dans son corps, que le manque de confiance en elle la rouge chaque jour. Elle a l’air insaisissable sur cette piste de danse et pourtant des mains se posent sur ses hanches. Allie est bien contente d’être rattrapée et un sourire se dessine sur ses doux traits. Sa main glisse dans le cou du jeune homme. Sans le voir, elle sait qui c’est, sans aucun doute possible. Elle le reconnait à sa façon de se mouver contre elle. Ses doigts glissent sur sa nuque alors qu’elle continue de danser. Tu ne pensais quand même pas que j'allais laisser un autre venir poser ses mains sur ton corps ? Elle se retourne vers lui et lui souris, de ce petit sourire particulier qu’elle ne réserve qu’à lui. Sans s’en rendre compte, il lui donne l’impression d’être importante et lui regonfle son égo de cette confiance qu’on lui a volé. Je sais jamais quoi penser avec toi, avoue-t-elle avec une facilité déconcertante. Pour camoufler cette sincérité, elle continue de parler comme s’il permettrait d’oublier ce petit détour aux règles implicites qu’ils se sont fixés. Tu es le seul qui aurait pu les poser ici de toute façon qu’elle déclare, comme si elle parlait de la pluie. Ce soir, elle n’avait envie que de lui, alors elle se remet à danser, mais cette fois, elle n’oublie pas le monde autour d’elle.